Et si on parlait politique?

« Audacter calomniare semper aliquid haere »

Mercredi 11 octobre dernier, l’Assemblée nationale a adopté en seconde lecture le projet de loi « renforçant la sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme ». Ce texte est critiqué depuis plusieurs mois par l’ensemble des organisations de défense des droits humains (Ligue des droits de l’Homme, Amnesty International, Human Right Watch, ONU…) et de nombreuses associations de magistrat·e·s, d’avocat·e·s, de citoyen·ne·s… Parce qu’il fait reculer l’Etat de droit et les libertés démocratiques, parce qu’il passe à côté de ce qu’il faudrait faire pour prévenir efficacement les actes de terrorisme, parce qu’il participe à la stigmatisation de nombreux secteurs de la population. Raisons pour lesquelles le groupe parlementaire de la France insoumise s’y est opposé tout en soumettant des propositions alternatives (voir, entre autres, ici et les interventions argumentées d’Ugo Bernalicis et les miennes sur le sujet). Mais de tout cela, le grand public, les citoyen·ne·s n’en sauront rien. En tous cas pas par la voix des principaux grands media. L’important débat national qu’il aurait fallu avoir sur un sujet aussi sérieux et sensible n’aura malheureusement eu lieu ni à l’Assemblée nationale, ni dans le reste de la société.

Il y avait pourtant matière à débattre. Comme par exemple sur la trentaine d’amendements portés par le groupe de la France insoumise en faveur : du renforcement des moyens des services de police, de justice, de renseignement et de douanes ; d’un meilleur encadrement des contrôles d’identité pour prévenir les excès ; d’une lutte plus déterminée contre les individus, entreprises et Etats qui soutiennent financièrement les organisations terroristes, ainsi que contre les paradis fiscaux par où transite cet argent sale…Tous ces amendements ont été accueillis, au mieux par un silence gêné de la part de la majorité nos collègues parlementaires, au pire par d’infames insinuations proférées par la frange la plus « radicalisée » de la droite, d’« En marche » et de ces olibrius en mal de légitimité et habitués des coups de menton permanents, sous les applaudissements de l’extrême-droite.

Le travail d’information médiatique n’aura lui non plus pas été à la hauteur des enjeux. Le rejet par les député·e·s de la majorité des arguments de toutes les organisations des droits humains sur le caractère liberticide de cette loi ou de tous les amendements visant à mener une lutte globale pour prévenir les actes de terrorisme ne suscite quasiment aucun questionnement appuyé. Par contre, quand je tente d’expliquer en réponse à la question d’une journaliste que le comportement du désormais fameux chauffeur de bus qui refuse de prendre son service après une femme est bien évidemment sexiste et doit être sanctionné par sa direction, mais que cela n’a rien à voir avec la loi actuellement en débat car ce n’est pas forcément « le » signe d’une « radicalisation » pouvant mener à la commission d’actes de terrorisme et qui justifierait d’être fiché « S », de voir son domicile perquisitionné, d’être assigné à résidence, de porter un bracelet électronique, etc., on assiste aussitôt à un emballement caricatural où amalgames et raccourcis tiennent lieu d’analyses politiques pour tout ce petit monde toujours si prompt à user et abuser de concepts imprécis comme arguments d’autorité. Emballement que ne susciteront d’ailleurs pas, une semaine plus tard, les propos du ministre de l’Intérieur Gérard Collomb quand il répond à côté de la même question que lui pose la même journaliste dans la même émission, et qu’il finit par réfuter l’idée qu’on pourrait se baser sur « un signe » pour constater un processus de radicalisation pouvant mener à la commission d’actes de terrorisme.

« Une mise au point s’impose. Ni le terme de radicalisation ni aucun de ses dérivés n’est employé car il ne s’agit pas d’un concept scientifique rigoureux. « Radicalité » est devenu un mot fourre-tout pour désigner vaguement ce qui est perçu comme une menace non maîtrisée et un label hasardeux des politiques publiques dans un contexte de montée de la violence djihadiste depuis les attentats commis en France par Mohammed Merah en 2012. » Ces propos sont ceux d’Antoine Jardin, chercheur au CNRS associé à l’enquête de 2016 de l’Ifop et de l’Institut Montaigne sur l’Islam français, dans une tribune parue dans les colonnes du Monde en septembre 2016. Philippe Blanchet, professeur de sociolinguistique, parle, quant à lui, d’ « un terme ambigu, aux sous-entendus hypocrites et aux conséquences dangereuses » dans son ouvrage Les Mots piégés de la politique paru en mai 2017 aux éditions Textuels. Les traitera-t-on eux aussi d’« islamo-gauchistes », les accusera-t-on de « complaisance à l’égard de l’islam politique » voire de complicité avec les terroristes ?

Bien sûr que non. Ces qualificatifs insultants ne sont réservés qu’aux député·e·s de la France insoumise et en particulier à celle qui, par sa singularité de femme politique noire et insoumise, insupporte au plus haut point les tenant·e·s du système. En lieu et place d’une discussion informée et argumentée autour des processus qui peuvent mener une personne à commettre des actes de terrorisme – et dont tou·te·s les spécialistes s’accordent à dire qu’ils sont complexes et multifactoriels – toute une série d’irresponsables politiques et médiatiques auront préféré faire le procès en illégitimité et en dangerosité de Danièle Obono et de la France insoumise pour mieux parasiter notre message et rendre inaudible nos propositions. Il n’en fallait pas plus comme signal de ralliement à toute la lie raciste, sexiste et xénophobe si décomplexée depuis ces dernières années pour se lancer dans une nouvelle vague d’attaques, d’insultes et même de menaces à tout va, après la séquence de juin dernier. (Et pour celles et ceux qui douteraient du caractère raciste et sexiste d’une bonne partie des attaques dont j’ai fait l’objet, je vous invite à faire une recherche avec mon nom sur les différents réseaux sociaux depuis le mois de juin).

Ces attaques ne paraissant pas suffisantes pour nous réduire au silence, et comme pour répondre à l’appel du torchon d’extrême-droite Minute dont la Une de la semaine arborait ma photo avec l’apostrophe « Mais qu’on la fasse taire, bordel ! », une nouvelle charge a été lancée contre ma personne, et à travers elle la France insoumise, pour faire peser sur nous le soupçon d’antisémitisme. En cause : un court passage d’un texte que j’ai écrit le 11 janvier 2015 et où j’interroge mon propre engagement politique et le bilan de cette gauche à laquelle je pensais appartenir sous le coup du traumatisme des attentats terroristes qui s’étaient produits quelques jours auparavant. Dans ce passage, allègrement tronqué, je déplore notamment l’attitude d’une certaine gauche dans sa défense de la liberté d’expression, qui fluctue souvent en fonction de l’identité des personnes visées, en citant l’exemple du sinistre Dieudonné M’bala M’bala. Là où je pointais la faute politique d’une censure étatique qui alimente l’accusation d’un « deux poids, deux mesures » quand il s’agit de réagir à des propos racistes, de zélé·e·s commentateur·trice·s se sont autorisé·e·s à m’attribuer de la complaisance ou des accointances avec cette crapule d’extrême droite antisémite. En prenant toujours le soin, pour les plus malins et malignes d’entre elles et eux, de le citer abondamment et même de notifier ses comptes sur les réseaux sociaux, histoire de bien s’assurer qu’il profite, en bon opportuniste qu’il est, de la publicité gratuite qui lui est ainsi complaisamment faite, ce qui n’a pas manqué d’arriver.

Les mêmes n’avaient pourtant pas proféré de pareilles inepties lorsque la Ligue des droits de l’Homme a pris position contre l’interdiction par le Conseil d’Etat du spectacle de ce mauvais drôle en 2014… L’organisation de défense des droits humains expliquait notamment que : « En faisant prévaloir la décision administrative d’interdiction sur la règle du droit garante de la liberté d’expression et du jugement sur le fait constaté, la décision du Juge des référés du Conseil d’Etat introduit un précédent porteur de risques de dérives dans le fonctionnement de notre démocratie. […] Ce qui est sûr, c’est que le battage médiatique suscité sur cette affaire par la circulaire et par ses suites juridiques, a donné à M. M’Bala M’Bala et à ses propos une insolente publicité, lui conférant au surplus un rôle de victime, là où une poursuite sans faille des condamnations pénales déjà prononcées ou en cours d’examen auraient certainement eu plus d’effets. Car, à n’en pas douter, ce n’est pas cette interdiction qui arrêtera ledit personnage de véhiculer ses propos haineux habillés d’emballage humoristique. Encore une fois, ces propos sont condamnables et sanctionnables par la loi […]. A la peine d’emprisonnement, peuvent se substituer des interdictions d’exercice d’une activité professionnelle ou d’apparition dans des lieux ou catégories de lieux où l’infraction a été commise. Autrement dit, tout en respectant la règle de droit fondamental, il aurait été possible depuis plusieurs mois déjà de privilégier une accentuation des sanctions pénales prononcées à l’encontre de M. M’Bala M’Bala en laissant la justice faire son travail plutôt que de recourir à une mesure d’exception qui crée un risque de dérive par laquelle le régime d’exception se substitue à la règle fondamentale du droit et au travail judiciaire. » (« Le piège Dieudonné : rappel des positions de la LDH », 13 janvier 2014)

Mais là encore, il ne s’agit pas vraiment pour nos détracteurs et détractrices d’avoir un débat de fond sur les meilleurs moyens pour lutter contre l’antisémitisme et toutes les autres formes de racisme. Ni d’ailleurs d’engager une réflexion sérieuse sur l’intérêt théorique et pratique des analyses du courant des études postcoloniales (comme le font par exemple cet article de la revue Sciences humaines ou ce dossier du site « La vie des idées ») lorsque les mêmes agitent comme un épouvantail le Parti des indigènes de la République avec lequel elles et ils m’attribuent des « proximités ». Non. Il s’agit d’empêcher la réflexion et la discussion en réduisant la diversité et la richesse des débats du mouvement anti-raciste aux positions, par ailleurs contestables et souvent vivement contestées, de l’une de ses micro-composantes. Le but n’est pas la recherche commune et sincère d’un sens aux mots et aux choses pour non seulement mieux s’écouter mais aussi s’entendre, à défaut de parvenir à se mettre d’accord. Ni d’élaborer, à partir de nos conditions, de nos perceptions, de nos expériences particulières, les outils et moyens d’une lutte commune contre l’oppression et l’exploitation. Non. L’objectif est plutôt de discréditer, délégitimer et faire taire toutes les voix, dissidentes et dissonantes, qui remettent un tant soit peu en cause, de manière sensée et argumentée, le statu quo, l’ordre dominant, sous toutes ses formes. Pour ces gens-là, chercher à comprendre pour agir plus efficacement ce serait déjà s’impliquer, comme lorsque l’ex-premier ministre Valls disait que « expliquer c’est déjà vouloir un peu excuser ». « A mort l’intelligence, vive la mort ! » clamaient d’autres…

Et bien non, mesdames et messieurs les censeurs, vous ne nous, vous ne me ferez ni taire ni marcher au pas ! Vous êtes peut-être momentanément parvenu·e·s à affaiblir le débat démocratique en alimentant l’infect climat de peur, de suspicion et de haine qui s’est installé depuis trop d’années. Vous avez voulu nous enterrer, vous ne saviez pas que nous étions des graines. Vous avez essayé de nous diviser mais vous ne vous rendiez pas compte à quel point nous sommes des « têtes dures ». Vous n’avez au final fait que renforcer notre détermination à continuer à argumenter, débattre et convaincre de nos idées (ici, ou encore ), et à défendre, en principes et en actes, la devise de notre République : liberté, égalité, fraternité.

« You may write me down in history /With your bitter, twisted lies,

You may trod me in the very dirt/But still, like dust, I’ll rise. […]

Did you want to see me broken?/Bowed head and lowered eyes?

Shoulders falling down like teardrops,/ Weakened by my soulful cries?[…]

You may shoot me with your words,/You may cut me with your eyes,

You may kill me with your hatefulness,/ But still, like air, I’ll rise.

Out of the huts of history’s shame/I rise/Up from a past that’s rooted in pain/I rise

I’m a black ocean, leaping and wide,/Welling and swelling I bear in the tide.

Leaving behind nights of terror and fear/I rise/Into a daybreak that’s wondrously clear/I rise

Bringing the gifts that my ancestors gave,/I am the dream and the hope of the slave.

I rise/I rise/I rise. »

Femme, noire, insoumise. Et fière de l’être. Hier, aujourd’hui et demain.

A bon entendeur et bonne entenderesse !

En campagne JLM 2017 sur les routes de la France insousmise

En campagne à la rencontre d’Insoumis•e•s et de citoyen•ne•s mobilisé•e•s, on fait le plein de questions, d’arguments, de sourires et de chansons !

Trump président : comment en est-on arrivé là?

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Rencontre à la Maison Blanche entre Donald Trump, le président nouvellement élu, et Barack Obama, le président en exercice, jeudi 10 novembre 2016 (Capture d’écran)

Commençons par le commencement…ou plutôt par la fin : Hillary Clinton a bien gagné une majorité des suffrages des électeur-trice-s des Etats-Unis. Selon les derniers résultats provisoires, elle et son co-listier Tim Kaine ont en effet obtenu 64 925 492 soit 48 % des voix contre 62 562 131 soit 46,25 % des voix pour Donald Trump et son co-listier Mike Pence, avec un taux de participation de 58,4 % (1). Et pourtant, c’est Donald Trump qui a été annoncé vainqueur et qui devrait être formellement confirmé comme tel le 19 décembre prochain par le collège électoral puisqu’il aurait remporté 290 à 306 des 538 « grand-e-s électeur-trice-s » qui composent ce dernier. Lire la suite

« Une agriculture écologique et paysanne pour une alimentation de qualité »

Voici le premier numéro de la collection des « Livrets de la France insoumise » dont Laurent Levard et moi-même assurons la coordination. Ce premier livret, préparé par un groupe de travail animé par Laurent Levard et Eve Saymard, détaille les mesures d’urgence et les grandes orientations sur l’agriculture et l’alimentation proposées par la campagne de Jean-Luc Mélenchon et du mouvement de la France insoumise pour l’élection présidentielle et les élections législatives de 2017. Vous pouvez le lire et le télécharger sur le site de campagne ici ou en cliquant sur l’image ci-dessous.

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« L’agriculture fournit l’essentiel de notre alimentation. Or le modèle agricole actuel détruit tout : l’écosystème, la santé des consommateurs et celle des paysans. Les maux sont connus : soumission au libre-marché et au libre-échange, ultra-spécialisation, gigantisme agricole, pesticides chimiques. L’ensemble du système agricole et alimentaire est responsable de près de la moitié du réchauffement climatique global du fait des gaz à effet de serre qu’il génère, contribue à la déforestation, repose sur l’utilisation de ressources non-renouvelables, contamine l’environnement et les hommes et contribue à la destruction des sols et de la biodiversité. Près d’un milliard de personnes dans le monde souffrent de la faim, alors que la malbouffe et l’obésité progressent. À terme, ce système met à mal notre capacité à nourrir l’Humanité […] » Pour lire la suite cliquez ici.

Parlons programme !

« L’avenir en commun » est le nom du programme porté par la candidature de Jean-Luc Mélenchon à l’élection présidentielle de 2017 et par celles qui seront investies dans le cadre de la « France insoumise » aux élections législatives. Il a fait l’objet d’un processus assez original d’élaboration et d’adoption qui mérite qu’on s’y arrête un instant.

Le travail programmatique a en effet démarré en février dernier, tout juste après la proposition de candidature de Jean-Luc Mélenchon. Deux camarades du Parti de gauche, Charlotte Girard, juriste, et Jacques Généreux, économiste de profession, assisté-e-s d’une équipe de jeunes rapporteur-trice-s, ont été chargé-e-s de la coordination de cette tâche. La réflexion collective qui s’est déployée au cours des mois suivants s’est principalement appuyée sur « L’Humain d’abord », le programme commun de 2012, enrichi de textes ultérieurs comme les 18 thèses pour l’écosocialisme ou l’ouvrage « L’ère du peuple » de Jean-Luc Mélenchon.

Et elle s’est structurée autour de sept axes : la 6ème République, le partage des richesses, la planification écologique, la sortie des traités européens, l’indépendance et l’altermondialisme pour la paix, le progrès humain et la conquête des nouvelles frontières de l’humanité que sont la mer, l’espace et le virtuel.

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Dépasser le cartel, construire une autre gauche

Le Front de gauche a vécu. S’il a permis de poser les bases d’une politique de gauche alternative, il a échoué à représenter cette alternative, non seulement aux yeux d’une majorité de la population, des millions d’électeur-trice-s qui avaient pourtant voté pour son candidat en 2012, mais aussi parmi les franges les plus organisées, militant-e-s des partis, syndicats, associations et autres mouvements, anciens et nouveau, du peuple de gauche dans toute sa richesse et sa diversité.

Toutes celles et tous ceux qui se reconnaissent toujours dans l’objectif stratégique qu’il s’était fixé (contester l’hégémonie à gauche du PS social-libéralisé et devenir majoritaire à gauche et dans le pays), dans ses grandes lignes stratégiques et programmatique (unité, autonomie, mobilisation citoyenne), ont aujourd’hui la responsabilité de construire autrement, sur de nouvelles bases, une autre gauche.

Une gauche véritablement antiraciste et solidaire, qui s’adresse sans sectarisme à tous les courants, mouvements et réseaux qui (se) mobilisent aujourd’hui contre les discriminations, pour l’égalité des droits et la justice pour tou-te-s, pour mener ensemble de grande campagnes populaires contre la déchéance de nationalité, la répression des migrant-e-s, le contrôle au faciès et les violences policières…Une gauche activement anti-guerre et internationaliste, capable d’opposer aux stratégies impérialiste de son propre Etat une politique de paix et de justice. Une gauche profondément démocratique qui dépasse le cartel organisationnel pour systématiquement donner la parole et le pouvoir aux citoyen-ne-s et aux militant-e-s.

Cette autre gauche est nécessaire et possible. Mais elle ne se construira pas en reprenant les mêmes mécanos politiques fabriqués par en haut qui nous ont menés à l’échec. Elle se reconstruira dans les fronts de lutte unitaires (contre la guerre, l’austérité, l’état d’urgence démocratique et climatique, l’islamophobie et la xénophobie…), les collectifs locaux de résistance, les mouvements alternatifs qui inventent chaque jour la gauche de demain. Et elle devra converger dans lors des échéances électorales, en premier lieu celles de 2017, non pas à l’issue d’interminables tractations d’appareils, mais à l’initiative d’une grande mobilisation citoyenne qui déterminera le contenu et la représentation d’un projet politique en construction permanente et à vocation majoritaire.

C’est ici et maintenant que tout commence.

Semaine de mobilisations pour la justice climatique et pour la paix

La semaine prochaine, après le sommet citoyen sur le climat de demain et dimanche à Montreuil, plusieurs rendez-vous de mobilisations à ne pas rater!!!

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Non à la guerre ! Un autre monde, un monde de paix, de justice, d’égalité et de solidarité, est possible !

«  Ils haïssent ce qu’ils voient dans cette assemblée, un gouvernement démocratiquement élu. Leurs dirigeants se désignent eux-mêmes. Ils haïssent nos libertés : notre liberté religieuse, notre liberté de parole, notre liberté de voter et de nous réunir, d’être en désaccord les uns avec les autres. »

George W. Bush devant le Congrès états-unien le 24 septembre 2001

« Les actes commis vendredi soir à Paris et près du Stade de France, sont des actes de guerre. […] Ils constituent une agression contre notre pays, contre ses valeurs, contre sa jeunesse, contre son mode de vie. Ils sont le fait d’une armée djihadiste, le groupe Daech qui nous combat parce que la France est un pays de liberté, parce que nous sommes la patrie des Droits de l’Homme. »

François Hollande devant le Parlement français réuni en congrès le 16 novembre 2015

 

Au cours des cinq dernières années, de la Libye à la Syrie en passant par le Mali, l’impérialisme français a activement pris part à la nouvelle phase de la « guerre contre le terrorisme » lancée en 2001 par les Etats-Unis d’Amérique. Au-delà de la surenchère rhétorique, le choix du gouvernement Hollande-Valls d’ « intensifier » cette politique guerrière suite aux attentats du 13 novembre appelle une réponse alternative, anti-guerre et altermondialiste, tout aussi déterminée de la part des forces de gauche qui se revendiquent du meilleur des traditions anti-impérialistes et internationalistes.

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La tribune du jour : « Au Front de gauche, on prend les mêmes et on recommence ! »

Une tribune en forme de petit pavé dans la mare de la gauche radicale blanche, co-écrite et co-signée avec des camarades du Front de gauche.

Attention, c’est chô…

 

Régionales : au Front de gauche, on prend les mêmes et on recommence !

Par Fethi Chouder, Adjoint au maire (Aubervilliers, Seine-Saint-Denis) , Heger Ben Djemaa, Sympathisante (Chelles, Seine-et-Marne) , Assia Benziane, Adjointe au maire (Fontenay-sous-Bois), militante féministe , Pauline MacEachran, Sympathisante (Saint-Denis, Seine-Saint-Denis) , Sofia Manseri, Conseillère municipale, militante citoyenne féministe et antiraciste (Gennevilliers, Hauts-de-Seine) , Madjid Messaoudene, Conseiller municipal délégué (Saint-Denis, Seine-Saint-Denis) , Danièle Obono, Militante afro-féministe et altermondialiste (Paris, XIXe arrondissement) , Mounir Othman, Sympathisant (Saint-Denis, Seine-Saint-Denis) et Raphaële Serreau, Conseillère municipale (Saint-Denis, Seine-Saint-Denis) — Liberation.fr, 9 novembre 2015 à 20:06
Augmentation constante de l’abstention, chute de l’engagement dans les partis, défiance à l’égard du politique… Les analyses et les constats s’accumulent depuis des décennies mais rien n’y fait. Le système politique français continue de s’arc-bouter sur ses privilèges, qui en font la chasse gardée d’hommes blancs, plutôt âgés, appartenant aux classes moyennes supérieures. Si ce «communautarisme» des dominants n’étonne guère à droite, il a de quoi surprendre à gauche, quand cette dernière se prévaut encore d’idéaux révolutionnaires et émancipateurs. Certes, cette gauche-là n’est pas non plus la plus grandement représentée aujourd’hui sur l’échiquier politique… Mais raison de plus ! On sait le gouvernement Valls-Hollande et la direction du PS vendus liquette, corps et âme au néolibéralisme. EELV, qui a pu, un temps, présenter une approche un tantinet différente et novatrice, s’est embourbé dans ses contradictions internes. Quant au Front de gauche, n’en parlons même pas. Ou plutôt si, parlons-en justement !

Une belle idée au départ. Un bon programme : «l’humain d’abord». Une bonne stratégie : unité, autonomie et mobilisation citoyenne. Un réel début de dynamique militante et citoyenne, avec même un petit écho dans les quartiers populaires. Cinq ans plus tard, le rassemblement est resté un cartel d’organisations de plus en plus étriqué, maintenu sans grand enthousiasme sous respiration artificielle, et à qui l’on tente péniblement de redonner vie à l’occasion des échéances électorales. Le spectacle donné au cours des négociations pour les prochaines élections régionales est de ce point de vue particulièrement édifiant. Discussions dominées par la défense égoïste d’intérêts d’appareils, mise de côté de l’implication locale et citoyenne, mise au placard de nos revendications pour changer les pratiques et «faire de la politique autrement»… Résultat : divisions régionales, absence de lisibilité nationale, renouvellement et diversification de la représentation quasi proches de zéro.

Bien sûr, nous savons qu’aucune institution politique, économique, sociale ou culturelle n’est véritablement représentative de la France d’aujourd’hui dans toutes ses diversités. Et le Front de gauche n’a jamais fait exception. Des réunions de direction aux bancs du Parlement, ses élu-e-s et dirigeant-e-s ressemblent peu ou prou à celles et ceux des autres partis : majoritairement blanc-he-s, relativement âgé-e-s et CSP +. Tout ceci résulte de choix politiques (ou en l’occurrence de non-choix) et du refus (au mieux inconscient mais tenace) de laisser émerger de nouvelles générations. Les prochaines élections régionales seront un nouvel acte manqué, un de plus.

Ainsi, en Ile-de-France, deux des têtes de liste n’habitent pas dans le département dans lequel elles se présentent. Elles sont donc «parachutées». Deux sont déjà élues à d’autres mandats et donc potentiellement cumulardes, toutes sont membres des partis du cartel, et toutes sont blanches. Comment ces pratiques politiciennes, que nous ne pouvons que condamner, sont-elles encore possibles à gauche ? En 2015 ? Dans une région au tissu associatif dynamique, à la population jeune et si riche de sa diversité culturelle ? L’Ile-de-France serait-elle devenue, du jour au lendemain, une région «de race blanche», sans jeunes, sans classes populaires ? Dans une interview à l’AFP en février, Memona Hintermann, journaliste membre du CSA, déclarait que «les télés ont peur de montrer des Noirs et des Arabes». Visiblement, en tête de liste, le Front de gauche aussi. Il aurait pourtant plutôt intérêt à méditer les paroles d’Edouard Glissant et de Patrick Chamoiseau : «Nous sommes sur la même yole. Personne ne saurait se sauver seul. Aucune société, aucune économie. Aucune langue n’est, sans le concert des autres. Aucune culture, aucune civilisation n’atteint à la plénitude sans relation aux autres.»

Plus de trente ans après la marche pour l’égalité et contre le racisme, et dix ans après les révoltes des quartiers populaires, il y a quelques jours, la Marche de la dignité et contre le racisme, à laquelle ont appelé les principales forces du Front de gauche (PCF, PG, Ensemble), réclamait justement le respect des quartiers populaires dans toutes ses composantes. Malgré les luttes contre le racisme d’Etat, les discriminations et les inégalités n’y ont jamais cessé. Parce que, précisément, rien n’a changé. La situation s’est même aggravée. La politique du PS, dans la lignée de celle d’une certaine droite raciste décomplexée, l’a fait empirer et a alimenté la montée du FN. Et la gauche radicale n’a ni su ni voulu s’adresser à, représenter, et encore moins s’allier à ces mouvements de toutes les couleurs.

Antonio Gramsci disait que « la crise consiste justement dans le fait que le vieux monde se meurt, le nouveau monde tarde à apparaître, et dans ce clair-obscur surgissent les monstres » . Aujourd’hui, à gauche, la vieille politique qui se meurt doit accepter de faire place à la nouvelle, qui s’invente notamment dans les mouvements alternatifs et autonomes pour pouvoir vaincre les monstres que nous avons laissés prospérer. Faire place, en notre sein, à l’égalité réelle, incarner l’idéal républicain à travers notamment une meilleure représentativité. Faire «place au peuple», à tout le peuple. Le temps nous est compté.

L’unité, comment et pour quoi faire ?

Dans moins de deux mois maintenant vont avoir lieu : d’une part, l’une des plus importantes mobilisations alter/écolo/mondialistes en France depuis longtemps à l’occasion de la COP 21, et, d’autre part, les élections régionales qui seront le dernier rendez-vous électoral national avant les Présidentielles et Législatives de 2017. Deux échéances majeures pour lesquelles la gauche radicale devrait en ordre de bataille, enthousiaste, unie et déterminée, mais qu’elle aborde en ordre dispersé, affaiblie, morose et dubitative.

Les données objectives de la période expliquent en partie cette situation : la crise (économique, politique, sociale et idéologique) du système capitaliste, les politiques austéritaires des sociaux-libéraux, l’offensive réactionnaire, raciste et xénophobe de la droite et de l’extrême-droite, le faible niveau des mobilisations des salarié-e-s et du mouvement social traditionnel, etc. Tous ces facteurs jouent un rôle important dans la dégradation du rapport de force global. Mais il en existe aussi un certain nombre d’autres, tout aussi importants, qui renvoient plus subjectivement aux stratégies des organisations et directions de la gauche dite « d’alternative ».

L’échec du Front de gauche…et d’Ensemble !

Fête de l’Huma, septembre 2011. Photo : Stéphane Burlot.

Depuis trois ans, l’échec du Front de gauche à construire un mouvement large, ouvert et dynamique, incluant composantes politiques ET initiatives associatives et citoyennes, a ainsi grandement participé à l’affaiblissement de notre camps politique et social. Toutes les composantes de l’actuel Front de gauche portent une part de responsabilité dans cet échec, qui varie selon leur force et leur influence. En premier lieu, il y a bien sur le PCF, paralysé  par ses ambigüités stratégiques et incapable de penser au-delà de la défense désespérée de ses intérêts d’appareils. Il y a aussi le PG, ses « coups » tactiques à répétition et ses méthodes de bourrin qui échouent à faire significativement avancer le schmilblick. Mais il y a également Ensemble !, sa recherche permanente du consensus mou et ses velléités unitaires incantatoires qui ne parviennent pas à cacher son impuissance. Or, si nous, à Ensemble !, sommes toujours de promptes critiques de nos partenaires du Front de gauche, nous sommes souvent plus réticent-e-s à reconnaître et interroger nos propres erreurs et inconséquences.

Ainsi en a-t-il été du bilan de l’assemblée générale (AG)/conseil national (CN)élargi du Front de gauche organisée en septembre de l’année dernière et qui est ce jour la dernière initiative de débat collectif interne au Front de gauche. Cette réunion aurait dû permettre de « relancer » le Front de gauche et de prendre des initiatives en direction du reste de la gauche et des classes populaires. Il n’en a rien été. C’est la litanie des vœux pieux habituels et le concert de langue de bois politicienne qui ont prévalu. Aucune proposition de relance n’en est sortie, et encore moins de réponses claires aux interpellations des quelques représentant-e-s des assemblées citoyennes et des fronts thématiques présent-e-s. La déclaration, rédigée par nos soins et adoptée par la coordination nationale du Front de gauche sans avoir été ni sérieusement discutée ni travaillée ultérieurement par l’AG/CN, est à l’image de cette journée : d’un vide intersidéral. Chacun-e est donc reparti-e faire de son côté, se satisfaisant de maintenir le Front de gauche sous respiration artificielle, et se fendant de déclarations et de sourires hypocrites une semaine plus tard devant les caméras de la fête de l’Huma pour maintenir l’apparence d’une unité dont personne n’était dupe.

Au printemps dernier, tandis que le PCF s’empressait de ne surtout rien faire ni rien décider et que le PG lançait en solo des « rassemblements citoyens » dans la foulée du « Mouvement pour la 6e République » que nous avions choisi d’ignorer, nous (Ensemble !) avons défendu le processus des « Chantiers d’espoir ». A ce jour, je ne suis toujours pas certaine de savoir quel en était l’objectif concret. S’agissait-il d’affirmer notre opposition à la politique de gouvernement Hollande-Valls, de ré-écrire un nouveau programme de mesures d’urgence, de dépasser le Front de gauche dans un nouveau mouvement, créer des « convergences » de luttes ou discuter franchement d’une plate-forme politique prélude à une alliance électorale commune ? Nous n’avons jamais fait l’effort de clarifier ce à quoi devait servir concrètement cette initiative. Résultats : personne, parmi nos partenaires et y compris dans nos propres rangs, n’a été vraiment convaincu ni n’a su quoi faire du « machin » dont la direction organisationnelle a été laissée à une figure issue du PS sans légitimité ni ressources suffisantes pour impliquer largement les réseaux militants et encore moins au-delà.

Quel bilan tirons-nous de l’échec des « Chantiers d’espoirs » ? Considérons-nous même que cette orientation a été un échec ? Silence radio. Aucune analyse, aucun bilan. Nous avons passé des mois à entonner le crédo confus d’une unité abstraite et à sous-estimer l’importance d’avoir des propositions concrètes et des exigences précises, notamment au niveau électoral. Au final, et comme il fallait s’y attendre, le calendrier nous a rattrapé. Nous nous sommes laissé-e-s dépasser par les un-e-s (EELV), tordre le bras par les autres (PCF) et enfermé-e-s dans une logique étroite de cartels sans la moindre dynamique extérieure.

Quid du mouvement social et associatif que nous sommes pourtant censé-e-s être les seul-e-s à véritablement prendre en considération ? Quid de l’implication citoyenne que nous estimons pourtant fondamentale dans la construction de l’alternative ? Quid du changement des pratiques et du renouvellement de la représentation politique conditions nécessaires (voire impératives) à la construction de nouveaux mouvements politiques ? Quid de la diversité générationnelle et multiculturelle, du non-cumul des mandats, de la révocabilité des élu-e-s, etc., pour pouvoir s’adresser et intégrer largement les forces individuelles et collectives au-delà de la peau de chagrin de nos sphères militantes traditionnelles, majoritairement cis/blanches/hétéro/masculines ? A force de défendre l’unité à tout (n’importe quel) prix, sans clarté et sans boussole, nous avons fini par remiser tout cela au placard. On verra ça après les élections…ou pire : on recommencera la même aux prochaines élections.

Se donner, même modestement, les moyens de nos ambitions

Les voies de la lutte des classes sont impénétrables. Et nous sommes bien peu de choses dans ce grand désordre dialectique. Mais si nous sommes engagé-e-s et organisé-e-s politiquement, c’est parce que nous pensons que même ce « peu » là compte. Que rien n’est écrit ni joué d’avance. En l’espace de quelques mois, nous avons vécu la défaite du gouvernement Syriza face aux diktats de la Troïka et la victoire de la gauche Corbyn à la direction d’un des plus vieux, plus puissant et plus social-libéralisé parti social-démocrate d’Europe. L’instabilité objective du système lui-même le rend d’autant plus susceptible aux influences subjectives. Nous ne sommes pas condamné-e-s à être tantôt les éternel-le-s commentateur-trice-s du match PC vs PG, tantôt ses arbitres/casques bleus, tantôt la troisième composante/roue du carrosse. A notre modeste échelle, nous pouvons contribuer à faire exister une véritable alternative à gauche et à changer les rapports de force dans la société. Pour cela, il nous faut clarifier nos objectifs, notre stratégie et nos moyens.

L’unité n’est pas un objectif en soi. L’unité pour l’unité ne sert à rien. L’unité sans boussole et sans rapport de force peut mener droit dans le mur. Et surtout, on ne peut pas être une force de changement véritable, sans travailler au dépassement de ses propres structures et fonctionnements archaïques et sclérosés. On ne peut prétendre œuvrer à la transformation révolutionnaire de la société, si on n’est pas soi-même capable de changer, de se transformer. A force de calculs égoïstes, d’erreurs et d’inconséquences, les prochaines élections se profilent comme un (très) mauvais moment à passer pour la gauche. Heureusement, il existe au moins deux autres fronts de lutte que nous pouvons soutenir et participer à construire dans les prochains mois et qui représentent une chance, peut-être la dernière chance, de renouveau de l’alternative à gauche.

Trente ans après la Marche pour l’égalité, dix ans après les révoltes des banlieues, de nouveaux mouvements antiracistes ont vu le jour, portés par de nouvelles générations militantes. Ces dernières ont une défiance viscérale à l’égard du PS qui, une fois au pouvoir, s’est empressé de renier ses engagements en matière de droit vote des résident-e-s étranger-e-s, et a préféré emboiter le pas à la droite en s’en prenant aux salarié-e-s, aux Roms, aux immigré-e-s. Mais elles n’attendent plus grand-chose non plus de la gauche radicale qui s’est jusqu’à présent montrée totalement inconséquente sur la question du racisme et des discriminations, reste encore très réticente à reconnaître les positions de privilèges qui demeurent en son sein, et se refuse à interroger et déconstruire l’impensé colonial et postcolonial qui alimente ses propres préjugés et comportements racistes.

Fin octobre aura lieu une nouvelle marche « de la dignité et contre le racisme » à l’initiative de plusieurs associations et collectifs antiracistes. Non seulement la gauche blanche radicale doit soutenir cette initiative, mais elle se doit d’y participer, en se comportant comme une alliée respectueuse, à l’écoute avant d’être éventuellement critique et surtout débarrassée de ses mauvaises habitudes de professeure rouge donneuse de leçons politiques et stratégiques. De façon similaire, nous devons développer une approche plus humble et ouverte dans la manière de construire le grand mouvement pour la justice climatique qui s’est donné rendez-vous à Paris cet automne. Cette mobilisation est l’occasion pour nous non seulement de préciser et faire connaître nos propositions éco-socialistes, mais aussi d’accepter et d’intégrer d’autres modes d’organisation et de participation militantes et citoyennes.

L’unité de notre gauche, de notre camp, est une condition sine qua non pour battre la droite et combattre durablement l’extrême-droite qui mène actuellement l’offensive la plus soutenue pour représenter une alternative réactionnaire, raciste et xénophobe au social-libéralisme. Mais cette unité doit se faire dans un but précis, sur des bases claires et avec des objectifs concrets. Elle doit se construire au travers d’alliances qui dépassent les cartels des partis pour intégrer les nouvelles dynamiques autonomes, associatives et citoyennes et créer ainsi les mouvements auto-émancipateurs d’aujourd’hui et de demain. Le temps nous est compté. Nous n’avons plus le droit à l’erreur.