Et si on parlait politique?

« Audacter calomniare semper aliquid haere »

Mercredi 11 octobre dernier, l’Assemblée nationale a adopté en seconde lecture le projet de loi « renforçant la sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme ». Ce texte est critiqué depuis plusieurs mois par l’ensemble des organisations de défense des droits humains (Ligue des droits de l’Homme, Amnesty International, Human Right Watch, ONU…) et de nombreuses associations de magistrat·e·s, d’avocat·e·s, de citoyen·ne·s… Parce qu’il fait reculer l’Etat de droit et les libertés démocratiques, parce qu’il passe à côté de ce qu’il faudrait faire pour prévenir efficacement les actes de terrorisme, parce qu’il participe à la stigmatisation de nombreux secteurs de la population. Raisons pour lesquelles le groupe parlementaire de la France insoumise s’y est opposé tout en soumettant des propositions alternatives (voir, entre autres, ici et les interventions argumentées d’Ugo Bernalicis et les miennes sur le sujet). Mais de tout cela, le grand public, les citoyen·ne·s n’en sauront rien. En tous cas pas par la voix des principaux grands media. L’important débat national qu’il aurait fallu avoir sur un sujet aussi sérieux et sensible n’aura malheureusement eu lieu ni à l’Assemblée nationale, ni dans le reste de la société.

Il y avait pourtant matière à débattre. Comme par exemple sur la trentaine d’amendements portés par le groupe de la France insoumise en faveur : du renforcement des moyens des services de police, de justice, de renseignement et de douanes ; d’un meilleur encadrement des contrôles d’identité pour prévenir les excès ; d’une lutte plus déterminée contre les individus, entreprises et Etats qui soutiennent financièrement les organisations terroristes, ainsi que contre les paradis fiscaux par où transite cet argent sale…Tous ces amendements ont été accueillis, au mieux par un silence gêné de la part de la majorité nos collègues parlementaires, au pire par d’infames insinuations proférées par la frange la plus « radicalisée » de la droite, d’« En marche » et de ces olibrius en mal de légitimité et habitués des coups de menton permanents, sous les applaudissements de l’extrême-droite.

Le travail d’information médiatique n’aura lui non plus pas été à la hauteur des enjeux. Le rejet par les député·e·s de la majorité des arguments de toutes les organisations des droits humains sur le caractère liberticide de cette loi ou de tous les amendements visant à mener une lutte globale pour prévenir les actes de terrorisme ne suscite quasiment aucun questionnement appuyé. Par contre, quand je tente d’expliquer en réponse à la question d’une journaliste que le comportement du désormais fameux chauffeur de bus qui refuse de prendre son service après une femme est bien évidemment sexiste et doit être sanctionné par sa direction, mais que cela n’a rien à voir avec la loi actuellement en débat car ce n’est pas forcément « le » signe d’une « radicalisation » pouvant mener à la commission d’actes de terrorisme et qui justifierait d’être fiché « S », de voir son domicile perquisitionné, d’être assigné à résidence, de porter un bracelet électronique, etc., on assiste aussitôt à un emballement caricatural où amalgames et raccourcis tiennent lieu d’analyses politiques pour tout ce petit monde toujours si prompt à user et abuser de concepts imprécis comme arguments d’autorité. Emballement que ne susciteront d’ailleurs pas, une semaine plus tard, les propos du ministre de l’Intérieur Gérard Collomb quand il répond à côté de la même question que lui pose la même journaliste dans la même émission, et qu’il finit par réfuter l’idée qu’on pourrait se baser sur « un signe » pour constater un processus de radicalisation pouvant mener à la commission d’actes de terrorisme.

« Une mise au point s’impose. Ni le terme de radicalisation ni aucun de ses dérivés n’est employé car il ne s’agit pas d’un concept scientifique rigoureux. « Radicalité » est devenu un mot fourre-tout pour désigner vaguement ce qui est perçu comme une menace non maîtrisée et un label hasardeux des politiques publiques dans un contexte de montée de la violence djihadiste depuis les attentats commis en France par Mohammed Merah en 2012. » Ces propos sont ceux d’Antoine Jardin, chercheur au CNRS associé à l’enquête de 2016 de l’Ifop et de l’Institut Montaigne sur l’Islam français, dans une tribune parue dans les colonnes du Monde en septembre 2016. Philippe Blanchet, professeur de sociolinguistique, parle, quant à lui, d’ « un terme ambigu, aux sous-entendus hypocrites et aux conséquences dangereuses » dans son ouvrage Les Mots piégés de la politique paru en mai 2017 aux éditions Textuels. Les traitera-t-on eux aussi d’« islamo-gauchistes », les accusera-t-on de « complaisance à l’égard de l’islam politique » voire de complicité avec les terroristes ?

Bien sûr que non. Ces qualificatifs insultants ne sont réservés qu’aux député·e·s de la France insoumise et en particulier à celle qui, par sa singularité de femme politique noire et insoumise, insupporte au plus haut point les tenant·e·s du système. En lieu et place d’une discussion informée et argumentée autour des processus qui peuvent mener une personne à commettre des actes de terrorisme – et dont tou·te·s les spécialistes s’accordent à dire qu’ils sont complexes et multifactoriels – toute une série d’irresponsables politiques et médiatiques auront préféré faire le procès en illégitimité et en dangerosité de Danièle Obono et de la France insoumise pour mieux parasiter notre message et rendre inaudible nos propositions. Il n’en fallait pas plus comme signal de ralliement à toute la lie raciste, sexiste et xénophobe si décomplexée depuis ces dernières années pour se lancer dans une nouvelle vague d’attaques, d’insultes et même de menaces à tout va, après la séquence de juin dernier. (Et pour celles et ceux qui douteraient du caractère raciste et sexiste d’une bonne partie des attaques dont j’ai fait l’objet, je vous invite à faire une recherche avec mon nom sur les différents réseaux sociaux depuis le mois de juin).

Ces attaques ne paraissant pas suffisantes pour nous réduire au silence, et comme pour répondre à l’appel du torchon d’extrême-droite Minute dont la Une de la semaine arborait ma photo avec l’apostrophe « Mais qu’on la fasse taire, bordel ! », une nouvelle charge a été lancée contre ma personne, et à travers elle la France insoumise, pour faire peser sur nous le soupçon d’antisémitisme. En cause : un court passage d’un texte que j’ai écrit le 11 janvier 2015 et où j’interroge mon propre engagement politique et le bilan de cette gauche à laquelle je pensais appartenir sous le coup du traumatisme des attentats terroristes qui s’étaient produits quelques jours auparavant. Dans ce passage, allègrement tronqué, je déplore notamment l’attitude d’une certaine gauche dans sa défense de la liberté d’expression, qui fluctue souvent en fonction de l’identité des personnes visées, en citant l’exemple du sinistre Dieudonné M’bala M’bala. Là où je pointais la faute politique d’une censure étatique qui alimente l’accusation d’un « deux poids, deux mesures » quand il s’agit de réagir à des propos racistes, de zélé·e·s commentateur·trice·s se sont autorisé·e·s à m’attribuer de la complaisance ou des accointances avec cette crapule d’extrême droite antisémite. En prenant toujours le soin, pour les plus malins et malignes d’entre elles et eux, de le citer abondamment et même de notifier ses comptes sur les réseaux sociaux, histoire de bien s’assurer qu’il profite, en bon opportuniste qu’il est, de la publicité gratuite qui lui est ainsi complaisamment faite, ce qui n’a pas manqué d’arriver.

Les mêmes n’avaient pourtant pas proféré de pareilles inepties lorsque la Ligue des droits de l’Homme a pris position contre l’interdiction par le Conseil d’Etat du spectacle de ce mauvais drôle en 2014… L’organisation de défense des droits humains expliquait notamment que : « En faisant prévaloir la décision administrative d’interdiction sur la règle du droit garante de la liberté d’expression et du jugement sur le fait constaté, la décision du Juge des référés du Conseil d’Etat introduit un précédent porteur de risques de dérives dans le fonctionnement de notre démocratie. […] Ce qui est sûr, c’est que le battage médiatique suscité sur cette affaire par la circulaire et par ses suites juridiques, a donné à M. M’Bala M’Bala et à ses propos une insolente publicité, lui conférant au surplus un rôle de victime, là où une poursuite sans faille des condamnations pénales déjà prononcées ou en cours d’examen auraient certainement eu plus d’effets. Car, à n’en pas douter, ce n’est pas cette interdiction qui arrêtera ledit personnage de véhiculer ses propos haineux habillés d’emballage humoristique. Encore une fois, ces propos sont condamnables et sanctionnables par la loi […]. A la peine d’emprisonnement, peuvent se substituer des interdictions d’exercice d’une activité professionnelle ou d’apparition dans des lieux ou catégories de lieux où l’infraction a été commise. Autrement dit, tout en respectant la règle de droit fondamental, il aurait été possible depuis plusieurs mois déjà de privilégier une accentuation des sanctions pénales prononcées à l’encontre de M. M’Bala M’Bala en laissant la justice faire son travail plutôt que de recourir à une mesure d’exception qui crée un risque de dérive par laquelle le régime d’exception se substitue à la règle fondamentale du droit et au travail judiciaire. » (« Le piège Dieudonné : rappel des positions de la LDH », 13 janvier 2014)

Mais là encore, il ne s’agit pas vraiment pour nos détracteurs et détractrices d’avoir un débat de fond sur les meilleurs moyens pour lutter contre l’antisémitisme et toutes les autres formes de racisme. Ni d’ailleurs d’engager une réflexion sérieuse sur l’intérêt théorique et pratique des analyses du courant des études postcoloniales (comme le font par exemple cet article de la revue Sciences humaines ou ce dossier du site « La vie des idées ») lorsque les mêmes agitent comme un épouvantail le Parti des indigènes de la République avec lequel elles et ils m’attribuent des « proximités ». Non. Il s’agit d’empêcher la réflexion et la discussion en réduisant la diversité et la richesse des débats du mouvement anti-raciste aux positions, par ailleurs contestables et souvent vivement contestées, de l’une de ses micro-composantes. Le but n’est pas la recherche commune et sincère d’un sens aux mots et aux choses pour non seulement mieux s’écouter mais aussi s’entendre, à défaut de parvenir à se mettre d’accord. Ni d’élaborer, à partir de nos conditions, de nos perceptions, de nos expériences particulières, les outils et moyens d’une lutte commune contre l’oppression et l’exploitation. Non. L’objectif est plutôt de discréditer, délégitimer et faire taire toutes les voix, dissidentes et dissonantes, qui remettent un tant soit peu en cause, de manière sensée et argumentée, le statu quo, l’ordre dominant, sous toutes ses formes. Pour ces gens-là, chercher à comprendre pour agir plus efficacement ce serait déjà s’impliquer, comme lorsque l’ex-premier ministre Valls disait que « expliquer c’est déjà vouloir un peu excuser ». « A mort l’intelligence, vive la mort ! » clamaient d’autres…

Et bien non, mesdames et messieurs les censeurs, vous ne nous, vous ne me ferez ni taire ni marcher au pas ! Vous êtes peut-être momentanément parvenu·e·s à affaiblir le débat démocratique en alimentant l’infect climat de peur, de suspicion et de haine qui s’est installé depuis trop d’années. Vous avez voulu nous enterrer, vous ne saviez pas que nous étions des graines. Vous avez essayé de nous diviser mais vous ne vous rendiez pas compte à quel point nous sommes des « têtes dures ». Vous n’avez au final fait que renforcer notre détermination à continuer à argumenter, débattre et convaincre de nos idées (ici, ou encore ), et à défendre, en principes et en actes, la devise de notre République : liberté, égalité, fraternité.

« You may write me down in history /With your bitter, twisted lies,

You may trod me in the very dirt/But still, like dust, I’ll rise. […]

Did you want to see me broken?/Bowed head and lowered eyes?

Shoulders falling down like teardrops,/ Weakened by my soulful cries?[…]

You may shoot me with your words,/You may cut me with your eyes,

You may kill me with your hatefulness,/ But still, like air, I’ll rise.

Out of the huts of history’s shame/I rise/Up from a past that’s rooted in pain/I rise

I’m a black ocean, leaping and wide,/Welling and swelling I bear in the tide.

Leaving behind nights of terror and fear/I rise/Into a daybreak that’s wondrously clear/I rise

Bringing the gifts that my ancestors gave,/I am the dream and the hope of the slave.

I rise/I rise/I rise. »

Femme, noire, insoumise. Et fière de l’être. Hier, aujourd’hui et demain.

A bon entendeur et bonne entenderesse !

En campagne JLM 2017 sur les routes de la France insousmise

En campagne à la rencontre d’Insoumis•e•s et de citoyen•ne•s mobilisé•e•s, on fait le plein de questions, d’arguments, de sourires et de chansons !

Trump président : comment en est-on arrivé là?

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Rencontre à la Maison Blanche entre Donald Trump, le président nouvellement élu, et Barack Obama, le président en exercice, jeudi 10 novembre 2016 (Capture d’écran)

Commençons par le commencement…ou plutôt par la fin : Hillary Clinton a bien gagné une majorité des suffrages des électeur-trice-s des Etats-Unis. Selon les derniers résultats provisoires, elle et son co-listier Tim Kaine ont en effet obtenu 64 925 492 soit 48 % des voix contre 62 562 131 soit 46,25 % des voix pour Donald Trump et son co-listier Mike Pence, avec un taux de participation de 58,4 % (1). Et pourtant, c’est Donald Trump qui a été annoncé vainqueur et qui devrait être formellement confirmé comme tel le 19 décembre prochain par le collège électoral puisqu’il aurait remporté 290 à 306 des 538 « grand-e-s électeur-trice-s » qui composent ce dernier. Lire la suite

« Une agriculture écologique et paysanne pour une alimentation de qualité »

Voici le premier numéro de la collection des « Livrets de la France insoumise » dont Laurent Levard et moi-même assurons la coordination. Ce premier livret, préparé par un groupe de travail animé par Laurent Levard et Eve Saymard, détaille les mesures d’urgence et les grandes orientations sur l’agriculture et l’alimentation proposées par la campagne de Jean-Luc Mélenchon et du mouvement de la France insoumise pour l’élection présidentielle et les élections législatives de 2017. Vous pouvez le lire et le télécharger sur le site de campagne ici ou en cliquant sur l’image ci-dessous.

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« L’agriculture fournit l’essentiel de notre alimentation. Or le modèle agricole actuel détruit tout : l’écosystème, la santé des consommateurs et celle des paysans. Les maux sont connus : soumission au libre-marché et au libre-échange, ultra-spécialisation, gigantisme agricole, pesticides chimiques. L’ensemble du système agricole et alimentaire est responsable de près de la moitié du réchauffement climatique global du fait des gaz à effet de serre qu’il génère, contribue à la déforestation, repose sur l’utilisation de ressources non-renouvelables, contamine l’environnement et les hommes et contribue à la destruction des sols et de la biodiversité. Près d’un milliard de personnes dans le monde souffrent de la faim, alors que la malbouffe et l’obésité progressent. À terme, ce système met à mal notre capacité à nourrir l’Humanité […] » Pour lire la suite cliquez ici.

Parlons programme !

« L’avenir en commun » est le nom du programme porté par la candidature de Jean-Luc Mélenchon à l’élection présidentielle de 2017 et par celles qui seront investies dans le cadre de la « France insoumise » aux élections législatives. Il a fait l’objet d’un processus assez original d’élaboration et d’adoption qui mérite qu’on s’y arrête un instant.

Le travail programmatique a en effet démarré en février dernier, tout juste après la proposition de candidature de Jean-Luc Mélenchon. Deux camarades du Parti de gauche, Charlotte Girard, juriste, et Jacques Généreux, économiste de profession, assisté-e-s d’une équipe de jeunes rapporteur-trice-s, ont été chargé-e-s de la coordination de cette tâche. La réflexion collective qui s’est déployée au cours des mois suivants s’est principalement appuyée sur « L’Humain d’abord », le programme commun de 2012, enrichi de textes ultérieurs comme les 18 thèses pour l’écosocialisme ou l’ouvrage « L’ère du peuple » de Jean-Luc Mélenchon.

Et elle s’est structurée autour de sept axes : la 6ème République, le partage des richesses, la planification écologique, la sortie des traités européens, l’indépendance et l’altermondialisme pour la paix, le progrès humain et la conquête des nouvelles frontières de l’humanité que sont la mer, l’espace et le virtuel.

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Beyoncé, les femmes noires et moi

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Scan photo de la couverture du livret de l’album Lemonade (Beyoncé, 2016)

Portée par l’euphorie de #BlackPantherSOLIT je suis allée acheter mon exemplaire de Lemonade et j’ai enfin pu voir, écouter et juger par moi-même THE album de l’année. Au final, c’est pas mal, voire même plutôt bien, mais quand un peu surfait par certains commentaires/critiques.

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« Les mains noires », Hamé, Casé, Angle mort

Black history month, baby !

Au bout d’un certain temps, je me suis dit : il faut que j’aille à Paris.
Parce que, continuer comme ça…J’étais encore fragile, je sentais qu’il fallait me renforcer, apprendre ; et puis aller dans la gueule du loup, vraiment, dans la capitale de l’impérialisme. C’est là que je devais venir, c’est là que l’épreuve décisive devait se passer
.” (Kateb Yacine)

Hamé
Je suis né juste après l’extinction d’un feu,
dont je garde des braises fumantes au creux
de ma gorge, de ma langue, de mes yeux
A ce pays de sable je n’ai jamais dit adieu

On m’a porté à bout de bras jusqu’ici
dans la poussière d’un septembre après-midi
dans des langes dépliés par le bruit
dans l’espoir d’entrevoir un peu la vie

Ça ne s’oublie pas un être humain qui n’a plus rien
et qui s’arrache pour mettre à table un bout de pain
c’est comme la peur du noir dans une chambre sans fenêtres
c’est comme des mots rares d’un analphabète

Et puis j’ai grandi en apprenant
des noms de géants : Feraoun, Fanon, Kateb Yacine
comme des trésors de guerre à la fin du film

D’un bout à l’autre de ma trajectoire
l’Algérie s’évade et revient me voir
tout comme je verrai jusqu’à l’ultime soir
le pas de mon père et ses mains noires

Casey
Les mains noires ce sont celles de ma mère
de beaucoup de mes héros ou de certains de mes alliés
quand je quitte ma terre, celle de ma grande-mère
qui me font des adieux du haut de sont palier

Les mains d’Aimé Césaire qui m’ont hypnotisée
quand elles ont saisi la plume et l’encrier
et puis m’ont rendu la dignité
avec le retour au pays natal de son cahier

Les mains de Martin, de Malcolm (X), de Toussaint
sans oublier le poing de Tommie Smith
de Frantz Fanon, de Raphaël Confiant
de Rosa Parks et d’Angela Devis

Les mains mutilées, empalées, empilées, gangrenées
à genoux, sans raison enchainées
qui ont tenu bon même à bout et dominées
je suis fière d’avoir les mêmes que celles de mes ainés

“ – … Imaginez ce spectacle extraordinaire, dix volcans à la fois crachant leur lave pour faire la Martinique. C’est fantastique, quelle naissance prodigieuse, çà vaut bien tous les big-bang !
– C’est donc une colère cosmique ?
– C’est une colère cosmique et, autrement dit, la colère créatrice, elle est créatrice !
Nous sommes loin de cette néréide sous la mer endormie, c’est beaucoup plus que cela; ce sont des terres en colère, des terres exaspérées, ce sont des terres qui crachent, qui vomissent et qui vomissent la vie, et c’est de cela que nous devons être dignes.Cette parcelle créatrice, il faut la recueillir et il faut continuer … Il faut la continuer. Et non pas s’endormir dans une sorte d’acceptation et de résignation.” (Aimé Césaire)

 

Dépasser le cartel, construire une autre gauche

Le Front de gauche a vécu. S’il a permis de poser les bases d’une politique de gauche alternative, il a échoué à représenter cette alternative, non seulement aux yeux d’une majorité de la population, des millions d’électeur-trice-s qui avaient pourtant voté pour son candidat en 2012, mais aussi parmi les franges les plus organisées, militant-e-s des partis, syndicats, associations et autres mouvements, anciens et nouveau, du peuple de gauche dans toute sa richesse et sa diversité.

Toutes celles et tous ceux qui se reconnaissent toujours dans l’objectif stratégique qu’il s’était fixé (contester l’hégémonie à gauche du PS social-libéralisé et devenir majoritaire à gauche et dans le pays), dans ses grandes lignes stratégiques et programmatique (unité, autonomie, mobilisation citoyenne), ont aujourd’hui la responsabilité de construire autrement, sur de nouvelles bases, une autre gauche.

Une gauche véritablement antiraciste et solidaire, qui s’adresse sans sectarisme à tous les courants, mouvements et réseaux qui (se) mobilisent aujourd’hui contre les discriminations, pour l’égalité des droits et la justice pour tou-te-s, pour mener ensemble de grande campagnes populaires contre la déchéance de nationalité, la répression des migrant-e-s, le contrôle au faciès et les violences policières…Une gauche activement anti-guerre et internationaliste, capable d’opposer aux stratégies impérialiste de son propre Etat une politique de paix et de justice. Une gauche profondément démocratique qui dépasse le cartel organisationnel pour systématiquement donner la parole et le pouvoir aux citoyen-ne-s et aux militant-e-s.

Cette autre gauche est nécessaire et possible. Mais elle ne se construira pas en reprenant les mêmes mécanos politiques fabriqués par en haut qui nous ont menés à l’échec. Elle se reconstruira dans les fronts de lutte unitaires (contre la guerre, l’austérité, l’état d’urgence démocratique et climatique, l’islamophobie et la xénophobie…), les collectifs locaux de résistance, les mouvements alternatifs qui inventent chaque jour la gauche de demain. Et elle devra converger dans lors des échéances électorales, en premier lieu celles de 2017, non pas à l’issue d’interminables tractations d’appareils, mais à l’initiative d’une grande mobilisation citoyenne qui déterminera le contenu et la représentation d’un projet politique en construction permanente et à vocation majoritaire.

C’est ici et maintenant que tout commence.

Semaine de mobilisations pour la justice climatique et pour la paix

La semaine prochaine, après le sommet citoyen sur le climat de demain et dimanche à Montreuil, plusieurs rendez-vous de mobilisations à ne pas rater!!!

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Changeons le système, pas le climat !

Etat d urgence climatique

Belle mobilisation les 28 et 29 novembre du mouvement pour la justice climatique, avec plus de 500 000 personnes à travers le monde qui ont pris par à des actions, marches et autres manifestations. En France également, malgré les interdictions et la répression, nous étions plusieurs milliers à être mobilisé-e-s.

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