Beyoncé, les femmes noires et moi

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Scan photo de la couverture du livret de l’album Lemonade (Beyoncé, 2016)

Portée par l’euphorie de #BlackPantherSOLIT je suis allée acheter mon exemplaire de Lemonade et j’ai enfin pu voir, écouter et juger par moi-même THE album de l’année. Au final, c’est pas mal, voire même plutôt bien, mais quand un peu surfait par certains commentaires/critiques.

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« Les mains noires », Hamé, Casé, Angle mort

Black history month, baby !

Au bout d’un certain temps, je me suis dit : il faut que j’aille à Paris.
Parce que, continuer comme ça…J’étais encore fragile, je sentais qu’il fallait me renforcer, apprendre ; et puis aller dans la gueule du loup, vraiment, dans la capitale de l’impérialisme. C’est là que je devais venir, c’est là que l’épreuve décisive devait se passer
.” (Kateb Yacine)

Hamé
Je suis né juste après l’extinction d’un feu,
dont je garde des braises fumantes au creux
de ma gorge, de ma langue, de mes yeux
A ce pays de sable je n’ai jamais dit adieu

On m’a porté à bout de bras jusqu’ici
dans la poussière d’un septembre après-midi
dans des langes dépliés par le bruit
dans l’espoir d’entrevoir un peu la vie

Ça ne s’oublie pas un être humain qui n’a plus rien
et qui s’arrache pour mettre à table un bout de pain
c’est comme la peur du noir dans une chambre sans fenêtres
c’est comme des mots rares d’un analphabète

Et puis j’ai grandi en apprenant
des noms de géants : Feraoun, Fanon, Kateb Yacine
comme des trésors de guerre à la fin du film

D’un bout à l’autre de ma trajectoire
l’Algérie s’évade et revient me voir
tout comme je verrai jusqu’à l’ultime soir
le pas de mon père et ses mains noires

Casey
Les mains noires ce sont celles de ma mère
de beaucoup de mes héros ou de certains de mes alliés
quand je quitte ma terre, celle de ma grande-mère
qui me font des adieux du haut de sont palier

Les mains d’Aimé Césaire qui m’ont hypnotisée
quand elles ont saisi la plume et l’encrier
et puis m’ont rendu la dignité
avec le retour au pays natal de son cahier

Les mains de Martin, de Malcolm (X), de Toussaint
sans oublier le poing de Tommie Smith
de Frantz Fanon, de Raphaël Confiant
de Rosa Parks et d’Angela Devis

Les mains mutilées, empalées, empilées, gangrenées
à genoux, sans raison enchainées
qui ont tenu bon même à bout et dominées
je suis fière d’avoir les mêmes que celles de mes ainés

“ – … Imaginez ce spectacle extraordinaire, dix volcans à la fois crachant leur lave pour faire la Martinique. C’est fantastique, quelle naissance prodigieuse, çà vaut bien tous les big-bang !
– C’est donc une colère cosmique ?
– C’est une colère cosmique et, autrement dit, la colère créatrice, elle est créatrice !
Nous sommes loin de cette néréide sous la mer endormie, c’est beaucoup plus que cela; ce sont des terres en colère, des terres exaspérées, ce sont des terres qui crachent, qui vomissent et qui vomissent la vie, et c’est de cela que nous devons être dignes.Cette parcelle créatrice, il faut la recueillir et il faut continuer … Il faut la continuer. Et non pas s’endormir dans une sorte d’acceptation et de résignation.” (Aimé Césaire)

 

Cases Rebelles – Emission 56

Toujours excellente émission “Cases Rebelles”.

La Magie du Blanc –
A’s Trinca « Agressora » –
Reportage autour autour du cortège afroféministe mené par le collectif MWASI lors de la marche du 8 mars 2015 –
Iveth « Afro » –

Merci au collectif Mwasi, à Audy, Ellie, Sharon, Annette, Erica, à Elise, Many Chronique, Claire, Annie, Laila, Luana, Yure, Fania, Rudy, Yzzie, Tina, à Elza Vumi et l’association Congo Actif, à Monica Leon, à Sasha, Giovanna et au collectif Acceptess T, à Marietou Cisse, Habiba Zahid et au collectif Femmes en lutte 93.

Quelques liens

MWASI – Collectif afroféministe : la page Fb
Nasema (émission radio) : le Mixcloudla page Fb
AssiégéEs (le revue) : le site – la page Fb
Association Acceptess T :  la page Fbinfos
Femmes en lutte 93 : la page Fble blog

AFRO-FEMINISMES

Notes introductives à la formation-débat organisée par Ensemble ! Jeunes Paris le 4 février 2015 – Illustration du post : Thandiwe Tshabalala

« Toutes les femmes sont blanches, tous les Noirs sont hommes, mais nous sommes quelques unes à être courageuses ». [1]

A l’intersection du genre, de la race, de la classe et des sexualités, l’afro-féminisme a radicalement changé l’approche théorique et pratique des luttes d’émancipation. Quelles leçons, tactiques et stratégiques, en tirer aujourd’hui ? Retour sur et perspectives contemporaines d’un mouvement révolutionnaire.

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Le son du peuple #1 : à batons rompus, des Black Panthers à Beyoncé

Le voici, le voilà : le podcast de mon entretien dans la toute première émission du Son du peuple, le rendez-vous mensuel politico-musical de la toute nouvelle web radio New-Vo Radio.

Notre échange commence à environ 48’30, après quelques petits problèmes technico-logistico-bambinesques (ah les aléas du “direct” 😉 que Nathanael et Kévin ont su admirablement gérer. Mais le reste est très bien aussi (si, si !). Ca discu/taille : de Strange Fruit (Here is a strange and bitter crop”; du 17 octobre 1961; des violences policières; de la journée mondiale du refus de la misère; des sorties musicales du mois; de Cheap Chaser qui chantent « Free Gaza » ;  des Tune In Crew qui ont failli être les invités du mois…

Bref, du bon, du b(i)eau, du lourd. Comme on aime, quoi !

En tous cas, merci encore à toute l’équipe des camarades du Son du peuple. J’ai passé un chouette moment. Encore mille excuses d’avoir tant “bouffé le micro”. Et au plaisir de continuer ces échanges politiques passionnants.

Le son du peuple #1 : à batons rompus, des Black Panthers à Beyoncé

Nicki Minaj Reclaims the Twerk in the ‘Anaconda’ Music Video

« Anaconda », ou comment Nikki Minaj se ré-approprie et subvertit le twerking…

Çà fait réfléchir sur un tas de questions (culture pop/u, culture de masse, hégémonie culturelle, appropriation et réappropriation culturelle, sexisme, racisme, internationalité….) non?

Eh, Le Cri du Peuple, ça ferait pas un bon sujet d’émission ?

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Zapantera… »We were one »(Sia-Love)

I speak these words in solidarity with the Zapatista community.

May they please the ancestors.

Long before Spain invaded the Americas with ship loads of enslaved Africans, before America was called America and Africa was called Africa, when a snail was just a snail and a panther was just an animal, historians write of an ancient Mayan-African relationship — one of trading ideas, cultures, goods and more. Some archaeologists go further. They write that before Mayans and Africans traded, before they were two different people, they were one.

When I heard that my father would present on our legacy of the Black Panther Party for this symposium, I felt an impulsive reaction to attend, like an ancient calling, urging me: ‘Be there! Let your presence be testimony to the ancestors that your spirit remembers a time before colonization, subjugation and plantations.’

Before Zapatistas took to the mountains in Chiapas and Panthers to the streets in the US; before we were revolutionaries fighting our own unique battles in different countries; before there was ‘you’ and ‘I’, there was ‘we.’ And we were one.

Sia-Love, Poetic reflection, “Tercer Seminario Internacional de Reflexión y Analisís,” Universidad de la Tierra, Chiapas, Mexico (2012)

Source : http://sialove.wordpress.com/2013/01/06/chiapas-mexico-passion-inspiration-and-creativity/

Cases Rebelles, émission n°48 : entretien avec Emory Douglas

Cases Rebelles, émission n°48 : entretien avec Emory Douglas, artiste révolutionnaire, ex-ministre de la culture du Black Panther Party #Allpowertothepeople

« La vie est au devant et aussi en arrière. »

Rares sont les artistes qui allient pratique et engagement révolutionnaires. C’est dur de créer une œuvre belle, forte et utile. Utile au peuple au combat. Une œuvre qui soit une arme. Pour cela il faut appartenir au peuple, lui être connecté en permanence par les tripes, l’âme, le sang et les larmes.

L’histoire dit que Richard Aoki fut peut-être le premier à apporter aux Black Panthers des armes mais EMORY DOUGLAS, dessinateur extraordinaire et Ministre de la Culture du Black Panther Party, a fourni sans relâche les grenades d’une esthétique populaire, révolutionnaire qui a traversé le temps dans son contenu et sa forme. Il a fait ça tout en étant au cœur de la lutte, payant de sa personne et de sa foi tout entière.

Rencontrer Emory c’est aller rencontrer l’histoire. Et c’est  dans la discrétion d’une toute petite maison de San Francisco que vit l’homme qui combine en lui sagesse, gentillesse et humilité hors du commun. Un survivant en qui vous chercherez vainement la moindre trace d’ego ; en qui vous ne trouverez qu’une inétanchable soif d’agir pour la libération de la collectivité.

Et c’est sans doute ça qui lui a permis d’être révolutionnaire et de le rester au fil du temps. C’est sans doute cela et un indubitable talent qui ont fait l’artiste enchanteur, dont l’œuvre populaire, politique et touchante a porté et amplifié les échos d’une histoire de résistance qui a marqué la terre entière.

Sans nostalgie, regrets ou aigreur Emory Douglas continue de son mieux. Partageant, racontant l’histoire des Black Panthers, partageant son enthousiasme et son talent avec les jeunes générations, diffusant son fervent antisionisme, soutenant les combats zapatistes et gardant un intérêt profond pour toutes les luttes émancipatrices de la planète.

Nous voilà donc partiEs pour environ une heure d’entretien avec lui avec vous autour du Black Panther Party, du Black Arts Movement entre autres. Bonne écoute !

Musique

The Lumpen « Free Bobby Now »
Marvin Gaye « What’s Going On »
Aretha Franklin « Respect »
Sia-Love « Complex »
Sia-Love « Poetic Reflection »
The Sounds of Black « Sounds of Black »

*   *   *

L’émission comporte quelques extraits d’archives que nous avons fait le choix de ne pas traduire en direct. Voici leurs traductions :

Extrait n°1 (Remise à Emory Douglas d’un prix pour l’ensemble de son œuvre à la soirée Black Media Appreciation le 13 septembre 2014 à San Francisco) :

« Ce pour quoi on se bat c’est pour continuer à enseigner la conscience »  – « Être si connecté à notre peuple,  aimer notre peuple, le présenter d’une manière si digne, si élevée, d’une manière si combative, résistante, et digne c’est tellement  profond. […] Ce frère est si puissant, quand tu vois son art, ça te donne envie de faire quelque chose il est prolifique mais là il est ici avec nous, connecté, le frère (Brother) Emory Douglas »

Extrait n°2 (Funérailles de Bobby Hutton – Lil Bobby, le 12 avril 1968) :

« La police dit qu’il est sorti en courant. S’il est sorti en courant avec du gaz lacrymo dans les yeux je doute qu’il avait la moindre idée de ce qu’il faisait. »
« La question n’est pas de savoir s’il faut être violent ou non-violent mais c’est de savoir si les êtres humains peuvent user du droit divin à l’auto-défense. »
« Ces porcs ont assassiné Bobby. »
« On ne prêche pas la violence à tout va, on ne prêche pas la guerilla raciale, notre combat est contre les structures de pouvoir, notre combat est maintenant, ici et maintenant. »

*   *   *

Interview réalisée le 26 Août 2014. Merci beaucoup à Emory Douglas !

Quelques liens

– Le site d’Emory Douglas : http://www.emorydouglasart.com/
Site d’archives et d’actualités autour du Black Panther Party  http://www.itsabouttimebpp.com/
– Sia-Love aka Meres-Sia Gabriel, chanteuse et poétesse (émission spéciale à venir) : http://sialove.com/

Source : http://www.cases-rebelles.org/emission-n48/